Mercier–Hochelaga-Maisonneuve : quand volonté politique et urgence sociale se rencontrent

Portrait de la ville de Montréal
Entrevue avec Pierre Lessard-Blais, maire de l’arrondissement Mercier-Hochelaga-Maisonneuve ; Isabelle Pépin, directrice générale de l’Office municipal d’habitation de Montréal (OMHM) et Pierre Choquette, directeur général adjoint, Développement, stratégies et communication, OMHM


À Montréal, l’épicentre de la crise du logement au Québec, les besoins en logements abordables sont des plus criants, avec une forte demande pour les personnes aînées. Le projet Mission Unitaînés (MU) de l’arrondissement Mercier-Hochelaga-Maisonneuve était plus que nécessaire : il était essentiel.

 Dans ce quartier, la situation des aînées dans la rue est très perturbante :  

« L’itinérance, c’est un impact de la crise du logement et de l’augmentation du coût de la vie. Et 1 personne itinérante sur 2 à Montréal a plus de 50 ans.

-Pierre Lessard-Blais, maire de l’Arrondissement Mercier-Hochelaga-Maisonneuve

Si le projet Mission Unitaînés n’a pas de lien direct avec la lutte contre l’itinérance, celui-ci offrira certainement une soupape en rendant rapidement disponibles des logements à faible coût à des personnes ainées à faible revenu, prévenant d'autant la nouvelle itinérance économique.

Ce projet se démarque par sa réponse rapide, humaine et agile. Il incarne ainsi pour la direction de l’arrondissement un défi administratif sain, mais de taille, qui a vu naître une mobilisation et une démonstration de flexibilité municipale réussie pour s’attaquer à un problème collectif.

Un système sous tension

L’Est de Montréal, et particulièrement Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, figure parmi les trois arrondissements ayant les plus fortes demandes en logements abordables. Au 1er juillet 2025, « on compte 954 ménages en attente dans le secteur, dont 423 sont des personnes aînées », rappelle Isabelle Pépin, directrice générale de l’Office municipal d’habitation de Montréal (OMHM).

Sans oublier que c’est à Montréal que les coûts des loyers sont les plus élevés de toute la province.

Pour de nombreuses personnes aînées, perdre leur logement signifie quitter leur quartier, leurs repères, leur réseau. « Un 3 ½ à 700 $ qui disparaît, c’est souvent un loyer doublé pour continuer à résider dans le quartier. Et pour une personne de 80 ans, c’est très difficile de refaire un réseau ailleurs », ajoute le maire Lessard-Blais.

Le projet MU permettra de garder les personnes aînées dans leur communauté et ne pas les déraciner. « Maintenir les personnes aînées dans leur quartier, c’est aussi contribuer à leur qualité de vie. C’est vraiment un gros plus de permettre aux gens de rester dans leurs communautés. En prime, l’emplacement, près des berges du Saint-Laurent, est unique et exceptionnel. », confirme Pierre Choquette, directeur général adjoint, Développement, stratégies et communication à l'OMHM.  

De plus, le projet Mission Unitaînés dans l’arrondissement permet de donner une bouffée d’air à la crise du logement et contribue à l’ensemble de l'enjeu. « Le projet MU s'adresse aux aînés autonomes de 65 ans et plus qui ont un faible revenu. Grâce à ces nouveaux logements, 100 ménages pourront se loger à la hauteur de leur moyen dans un milieu de vie de qualité. En déménageant, ces ménages libéreront des logements qui seront remis sur le marché. De cette manière, on contribue à l'abordabilité des logements et on soulage la pression sur le marché locatif du secteur », explique la directrice générale de l’OMHM.

L’OMHM, un opérateur expérimenté

Avec ses 24 000 logements sous gestion à travers Montréal, l’OMHM agit comme un pilier du logement social et abordable. « On est comme une petite ville, avec plus de 900 employé.e.s : concierges, technicien.ne.s, soutien communautaire… on a tout le savoir-faire pour offrir plus qu’un toit », explique Isabelle Pépin.

L’Office gère trois réseaux de logements : les HLM, les logements abordables et les résidences pour aînés (RPA), avec plus de 1 456 unités certifiées. « La moitié de nos locataires HLM sont des personnes aînées. C’est une clientèle qu’on dessert activement, avec une approche humaine, adaptée et expérimentée », confirme la directrice générale.

Une aventure collective qui laisse des traces

Conscient de l’urgence, l’arrondissement a su faire preuve d’agilité. « Avec MU, on a relevé un défi qu’on s’apprêtait déjà à relever. Depuis mon élection en 2017, on travaille à rendre notre réglementation plus flexible et efficace. Ce projet est venu tester notre capacité à livrer, et on y est arrivés. On a fait des pieds et des mains pour avoir ce projet. Ce n’est pas juste une victoire politique, c’est une réussite collective, administrative, humaine qui résulte en 100 unités supplémentaires rapidement. », raconte le maire de l’arrondissement.

Pour l’OMHM, la reconnaissance de l’expertise des Offices à travers le Québec est une grande source de fierté : « Ce qui me rend le plus fière, c’est d’être associée à un projet aussi porteur qui reconnaît notre expertise et notre engagement. Je suis contente de faire partie de cette belle aventure.

 « C’est un projet où tout le monde a la tête et le cœur attachés ensemble », affirme la directrice générale de l’OMHM.

 

Crédit photo : Louis-Étienne Doré, Arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve

Un terrain rare, un emplacement exceptionnel

C’est un fait, les terrains disponibles pour les nouveaux projets immobiliers à Montréal se font très rares. L’arrondissement a donc réussi un double exploit : dénicher un terrain assez grand et disponible pour une nouvelle construction, en plus d’être d’une grande qualité, située près des commerces, d’une ligne d’autobus et en face d’un des plus beaux parcs de Montréal. « Il suffit de traverser la rue pour marcher sur les 2 km de berges du parc Bellerive », souligne fièrement le maire Lessard-Blais.

Du côté de l’Office, les commentaires sont unanimes :

« C’est plutôt rare d’avoir vue sur le fleuve à Montréal. C’est un terrain d’une grande qualité. On va offrir un milieu de vie d'exception aux locataires » - », affirme Pierre Choquette.

Ce projet s’inscrit aussi dans un développement immobilier plus vaste qui prévoit une mixité sociale bénéfique, avec le projet MU, mais aussi, une nouvelle construction juste à côté de condos privés : les cours Bellerive. « Le projet MU, adjacent à un projet privé, créera une dynamique de quartier. Les locataires de MU profiteront des espaces développés pour les cours Bellerive », précise le directeur adjoint de l’OMHM.

Précédent
Précédent

Un radier de béton… coulé d’un seul souffle

Suivant
Suivant

Les vacances de la construction : 5 faits marquants sur cette tradition 100 % Québécoise